Ce projet a pour objectif de faciliter l’intégration des élèves déplacés internes et expulsés du Pakistan dans huit écoles de Djalalabad (Nangarhar) afin d’augmenter le nombre de ces élèves, faciliter leur adaptation aux cours et réduire leur déscolarisation.

Contexte local

Le Nangarhar est une province d’Afghanistan où les incidents sécuritaires sont les plus nombreux. Les territoires y sont disputés au gouvernement central par des groupes d’organisations armées parmi lesquels se trouvent les Taliban (Etat Islamique d’Afghanistan) et l’Etat Islamique (Daech). Selon UNOCHA, en 2017 Nangarhar comptait 124 000 personnes déplacées sur un total de 501 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays. Un nombre important de ces personnes fuyant les combats ayant lieu dans les districts voisins disputés se retrouvent à Djalalabad.

Ces deux facteurs combinés font du Nangarhar une région où les besoins humanitaires sont particulièrement élevés tant à cause de l’afflux des réfugiés expulsés du Pakistan que des conflits armés au sein de la région.

Cette région fait partie des principales provinces où se fixent ces personnes expulsées du Pakistan. Durant les années 1990, le Pakistan a accueilli jusqu’à 5 millions de réfugiés afghans, beaucoup sont revenus de manière volontaire en Afghanistan à partir de 2002. Mais en 2016, le gouvernement pakistanais a donné l’ordre qu’ils soient rapatriés.

La question de la scolarisation des filles

La scolarisation des filles dans le Nangarhar est un enjeu sensible. Dans cette province, selon l’UNICEF, 65,8% des filles de 7 à 17 ans sont déscolarisées contre 34,3% des garçons. Pour cause, l’éducation des femmes n’est pas considérée comme prioritaire dans cette province, même si la situation s’est notablement améliorée après 2002. Ce phénomène s’accentue au fur et à mesure de l’avancée en âge des filles en raison en partie de mariages précoces. De plus, le contexte sécuritaire est largement mis en avant par les familles pour justifier la déscolarisation de leurs filles, ne souhaitant pas les exposer aux « risques de la rue » (harcèlements, enlèvements, attaques, attentats etc.). Par conséquent, le « chemin de l’école » est interdit à une partie des jeunes filles.

Des problématiques spécifiques pour les élèves réfugiés et déplacés

Dans le Nangarhar seuls 31% des enfants déplacés sont scolarisés, et 75% des enfants non scolarisés sont des filles. Les raisons avancées sont :

  • le manque de capacité d’absorption de ces élèves dans les écoles du fait de la surpopulation chronique des écoles,
  • l’absence de document permettant l’enregistrement officiel des élèves par les autorités éducatives afghanes,
  • un coût de la scolarisation trop élevé pour les familles.

Dans ce contexte de grande précarité économique, le coût de la scolarisation des enfants (achat d’un uniforme, de fournitures scolaires, frais de transport) peut peser lourdement sur les finances de la famille. Les  enfants sont nombreux à devoir travailler pour aider financièrement leurs familles, et les filles sont souvent mariées très jeunes.

Mais les élèves expulsés du Pakistan sont confrontés à des problématiques supplémentaires. Précédemment scolarisés au Pakistan, ils arrivent en Afghanistan en maitrisant l’anglais et l’ourdou, les deux langues nationales pakistanaises sans avoir de connaissances en pachto et dari (les deux langues de l’enseignement en Afghanistan). Un élève ayant suivi une scolarité réussie au Pakistan peut donc se retrouver en difficulté scolaire uniquement à cause d’un problème de langue, écrite comme orale. De plus, ces élèves subissent souvent des moqueries de la part de leurs camarades du fait de l’emploi d’un vocabulaire ou de tournures de phrases spécifiques ou encore de particularités culturelles liées au pays où ils ont grandi.

Les leviers d’action d’AFRANE en faveur de la scolarisation des enfants déplacés

Dans ce contexte, trois priorités d’actions s’imposent, au regard de l’expertise d’Afrane :

  • La formation de professeures femmes. La présence de professeurs de sexe masculin au sein des établissements scolaires est en effet une raison avancée par des familles pour justifier la déscolarisation des filles.
  • Le renforcement des capacités des professeurs afin de garantir un enseignement efficace et attentif aux besoins spécifiques des élèves les plus vulnérables (soutien scolaire et aide psycho-sociale pour les jeunes filles expulsées du Pakistan).
  • L’amélioration des conditions matérielles d’enseignements, à travers la construction de locaux sûrs, aux conditions matérielles et hygiéniques suffisantes.

L’action actuelle d’AFRANE à Djalalabad

AFRANE soutient sept lycées de la ville : deux de garçons (Esteqlal et Aref-e-Shahid) et cinq de filles (Nazo Ana, Experimental, Bibi Hawa, Sowad-e-Hayate, Bibi Zeinab). Elle collabore également étroitement avec le lycée de filles Alaye qui ne fait cependant pas formellement partie de son réseau.

Dans ces écoles comme dans l’ensemble des écoles de son réseau, AFRANE apporte une aide dans plusieurs domaines :

  • construction de bâtiments (Esteqlal, Nazo Ana, prochainement Aref-e-Shahid),
  • fourniture de matériel de laboratoire, de livres pour la bibliothèque, de mobilier, de pupitres,
  • formation des professeurs en mathématiques, pachto, dari, sciences ainsi que des laborantins et des bibliothécaires,
  • et formations à la paix et à la lutte contre la déscolarisation de personnels éducatifs et d’élèves.