Couverture du N°166 des Nouvelles d’Afghanistan

Dossier spécial sur les 100 ans d’indépendance de l’Afghanistan dans ce numéro 166 des Nouvelles d’Afghanistan, avec la participation d’éminentes signatures. A cette occasion, la maquette de la revue est revue et rajeunie, afin d’en rendre la lecture plus agréable. De plus, la lecture d’un article en ligne vous sera désormais offerte à chaque parution. Ce mois-ci, découvrez « des femmes volontaires« , par Charline Ferrand.

Editorial du N°166 des Nouvelles d’Afghanistan, par Etienne Gille

Cent ans d’indépendance ?

L’Afghanistan a fêté en septembre les cent ans de son indépendance complète à l’égard de la Grande-Bretagne. Le dossier ci-après relate les circonstances dans lesquelles Amanullah put la proclamer. L’Afghanistan s’est trouvé dans la situa­tion d’un pays qui ne fut jamais colonisé, mais qui dut malgré tout proclamer son indépendance. L’a-t-il alors acquise vraiment ? C’est tout l’objet des pages qui sui­vent où différents auteurs, anciens ambassadeurs ou observateurs qualifiés de la « scène » afghane, s’interrogent sur la difficulté pour le « royaume de l’insolence » de résister aux convoitises étrangères.

Longtemps, l’Afghanistan visa le non-alignement pour assurer son indépen­dance vis-à-vis des grandes puissances. L’idée était d’obtenir des aides de tous les pays afin d’équilibrer les influences. Mais l’URSS sut investir dans le secteur clé constitué par l’armée, tandis que les Etats-Unis s’abstenaient de répondre aux appels afghans. L’imprudence du prince-président Daoud rompit le difficile équilibre recherché.

L’invasion soviétique fin 1979, il y a tout juste 40 ans – autre anniversaire –, a suscité une résistance si forte qu’elle contraignit les Soviétiques à se retirer. Mais la désunion des partis afghans aboutit à une guerre civile tragique, qui permit aux Tâlebân formés au Pakistan de s’emparer à leur tour du pouvoir. Puis l’engrenage continua de tourner avec le 11 septembre et l’intervention américaine. Dans ces conditions, de quelle indépendance peut-on parler ?

L’indépendance nécessite à la fois une volonté et une prudence politique, une unité nationale forte empêchant les manipulations extérieures, mais aussi une au­tosuffisance économique. Le dossier qui suit n’aborde pas ce dernier sujet. Les Nouvelles d’Afghanistan y reviendront. Disons sommairement que l’enclavement de l’Afghanistan et sa situation en haute montagne rendent difficile cette autosuf­fisance. Déficit dans le secteur céréalier, dépendance dans le domaine électrique, mauvaise volonté pakistanaise pour le passage des importations afghanes sont quelques-uns des problèmes qui contrecarrent l’indépendance économique de l’Afghanistan.

On comprend dès lors que l’indépendance afghane n’est pas un fleuve tranquille. La politique grossière des Etats-Unis dans ses négociations récentes avec les Tâle­bân n’arrange pas les choses. Alors quelles solutions ? La tendance afghane, mais en fait bien humaine, de n’analyser que les responsabilités extérieures, empêche peut-être de trouver les remèdes aux maux internes. Les intellectuels afghans ont sans doute le devoir de mener une réflexion sur les faiblesses culturelles (les mythes) et sociales (la désunion) qui permettent les manipulations extérieures.

Nous bouclons ce numéro à la veille des élections présidentielles, sans sa­voir dans quelles conditions elles se dérouleront. Puissent les Afghans montrer que l’avenir de leur watan (patrie) peut se déterminer à Kaboul et non pas entre Washington et Islamabad.

Etienne GILLE, le 27 septembre 2019

Sommaire du N°166 des Nouvelles d’Afghanistan

Dossier spécial : 100 ans d’indépendance

La troisième guerre anglo-afghane (4 mai – 3 juin 1919)
par Gilles ROSSIGNOL
Le djihad proclamé par Amanollah contre les Britanniques au début de mai 1919 obéissait surtout à des objectifs de politique intérieure. En effet, l’indépendance, plus exactement le recouvrement de la souveraineté externe de l’Afghanistan, paraissait acquise sans avoir besoin de recourir aux armes.

De l’armistice à la paix (juin 1919 – novembre 1921)
par Gilles ROSSIGNOL
Le traité de Rawalpindi, conclu le 8 août 1919, n’était qu’une étape vers un traité de paix et d’amitié, signé le 11 novembre 1921 au terme de négociations difficiles.

L’image d’Amanollah, hier et aujourd’hui
par Zia FARHANG
La déclaration d’indépendance faite par Amanollah a donné à celui-ci une popularité considérable. Certaines maladresses dans la gestion du pays ont terni son image à la fin des années 20. Mais aujourd’hui, d’importantes couches de la population en gardent un souvenir très positif et il n’est pas rare de voir son portrait sur les murs des villes ou des écoles.

Des femmes emblématiques
par Farida KAMAL
Quand on parle des luttes pour l’indépendance on pense d’abord aux hommes. Mais les femmes afghanes ont elles aussi soutenu, d’une manière ou d’une autre, le désir d’indépendance des Afghans.

L’indépendance afghane: mythe ou réalité?
par Karim PAKZAD
De l’accord de Rawalpindi, le 19 août 1919, à l’accord de Doha, le 19 août 2019, qui aurait pu être signé à Camp David, la réalité de l’indépendance de l’Afghanistan a toujours été mise en question. Karim Pakzad, donne son point de vue sur les différents moments de l’histoire de ces cent dernières années où la souveraineté du pays a été malmenée.

Afghanistan et mondialisation
par William MALEY
Qu’est-ce qu’être indépendant dans un monde de plus en plus interconnecté ? La mondialisation implique des interdépendances de plus en plus fortes qui rendent de plus en plus difficile le repliement sur soi.

Un siècle de mythes et quelques réalités
par Régis KOETSCHET
« Ils aiment les armes, la lumière et les ténèbres, le bruit du vent, la poussière soulevée par les troupeaux en marche, le parfum âcre de la terre brûlée, l’odeur lancinante des fleurs sauvages, et ils se plongent avec délices dans la perpétuelle renaissance des choses et des images comme dans un commencement d’éternité. Mais tout ceci en une inconscience qui prête d’ailleurs à cette vie étrange une sorte de grandeur mystique, d’aspiration vers l’infini.»
L’auteur de ces lignes n’est pas un incorrigible rédacteur des Nouvelles d’Afghanistan; elles ont été écrites par Maurice Fouchet, premier diplomate français à poser pied en Afghanistan.

Tableau chronologique synthétique des cent dernières années
par Etienne GILLE

Les malheurs d’une certaine « insolence »
par Pierre LAFRANCE
Résistant à toute tentative de colonisation, les Afghans ont toutefois toujours des difficultés à s’unir. Dès lors les manipulations étrangères s’avèrent faciles et l’indépendance devient toute relative. Réfléchissant sur les leçons de l’histoire, Pierre Lafrance s’interroge sur les modes de délibération qui permettraient aux Afghans de consolider leur unité.

Un thé vert avec…

Un thé vert avec Renaud Girard
un portrait effectué par Régis KOETSCHET
Renaud Girard, grand reporter au Figaro, 64 ans, a fait de nombreux reportages sur l’Afghanistan, notamment du temps de la Résistance contre les Soviétiques. Régis Koetschet l’a rencontré.

Société

Des femmes volontaires
Entretien réalisé par Charline Ferrand
Elles sont quatre femmes, Mme Leila, Mme Choukria, Frozan et Farzana, respectivement formatrices en dari, pachto, français et paix, œuvrant auprès d’AFRANE pour trois d’entre elles depuis de nombreuses années. Charline Ferrand, qui a travaillé avec elles un an et a apprécié la qualité de leur engagement, leur donne la parole.
La lecture de cet article vous est offerte en ligne.

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