Le Buzkachi, sport traditionnel afghan
Le Buzkachi est un sport équestre pratiqué massivement en Afghanistan depuis des siècles. Originaire d’Asie Centrale, le jeu consiste en un affrontement entre cavaliers, appelés les Tchapendoz. Au grand galop, les joueurs se lancent à la poursuite de ce que l’on pourrait appeler la « balle », qui n’est autre qu’une carcasse animale. En effet, traduit littéralement du persan, « buzkashi » signifie « attrape-chèvre » (buz, chèvre et kashi, attraction vers soi). Voyons de plus près en quoi consiste ce polo des steppes, tradition incontournable pour tous ceux qui connaissent l’Afghanistan.
Les règles sont en apparence assez simples : deux équipes se disputent la carcasse d’une chèvre ou d’un veau (plus courant aujourd’hui) sur un espace vaste mais limité. Le terrain de jeu se compose d’un cercle central et d’un repère ou drapeau, qui peut parfois être éloigné du centre de plusieurs kilomètres ! Le but pour le Tchapendoz est d’attraper la carcasse au sein du cercle, d’aller jusqu’au repère, de le contourner, puis de revenir au plus vite au centre. Un point revient à l’équipe si le repère est atteint et contourné, deux points si le joueur parvient à revenir au centre et à y lâcher la dépouille.
Le nombre de joueurs et d’équipes peut varier et n’a pas de réelle limitation, ce qui peut rapidement provoquer une impression de chaos général.
Deux manières de jouer existent, l’une plus traditionnelle que l’autre. Celle décrite à l’instant est connue sous le nom de Qaradjai ; elle reste la plus courante. Aujourd’hui, certaines règles ont même changé car il suffit juste d’attraper la carcasse et de l’amener dans des « buts ». Une version plus primitive perdure : le Tudabarai (dont le sens est littéralement « s’extirper de la masse »). Il met en avant l’exploit individuel, puisque les participants ne sont pas rassemblés en équipe mais jouent chacun pour soi. Sans limite de terrain, les joueurs doivent s’emparer de la carcasse, la tenir fermement, puis la lâcher volontairement sur la cible. Cette forme-là est bien plus anarchique et désordonnée que l’autre, les affrontements étant de vastes mêlées où chacun est là pour gagner.
La forme que prend une partie de Buzkachi dépend de celui qui l’organise, mais aussi du type d’occasions. Lors d’événements publics comme les fêtes religieuses ou les compétitions officielles, on préférera le Buzkashi Qaradjai. A l’inverse, les événements privés que sont les mariages par exemple favoriseront plutôt le choix d’une partie de Tudabarai.
Anecdotes :
Chèvre ou veau ? De nos jours, le veau a remplacé la chèvre ; l’ossature du premier étant plus lourde, cela complique donc la tâche des cavaliers pour l’attraper et la porter. Un avantage toutefois : plus solide, la carcasse se brisera plus difficilement ou du moins plus tardivement.
Côté littérature, le Buzkashi a aussi fait l’objet de récits. En 1967 paraît ainsi un chef d’œuvre romanesque signé Joseph Kessel, Les Cavaliers, qui raconte l’épopée de Tchapendoz galopant à travers la steppe afghane. L’auteur fait traverser à ses héros le centre du pays, permettant au lecteur de découvrir ce beau pays que J. Kessel avait visité lors d’un voyage, au cours duquel il en était d’ailleurs tombé amoureux. Le roman inspirera le réalisateur américain John Frankenheimer, puisqu’en 1971 paraît un film, Les Cavaliers, dans lequel Omar Sharif tient le rôle principal, un cavalier traversant les montagnes afghanes pour tenter d’échapper au souvenir d’une défaite lors d’un tournoi de Buzkachi.