Etienne Gille fut professeur de mathématiques au lycée Esteqlal, le lycée franco-afghan de Kaboul. Il est un des fondateurs de l’Association AFRANE (Amitié franco-afghane) dont il fut jusque récemment le président. Il a effectué de nombreuses missions en Afghanistan et est directeur de la publication et rédacteur en chef de la revue Les Nouvelles d’Afghanistan.
En 2016, Etienne Gille sortait son premier ouvrage aux editions de l’Asiathèque: Chao Bâched, Restez pour la nuit! « Ce livre s’adresse à ceux qui souhaitent en savoir plus sur l’histoire, la culture et le mode de vie des Afghans car ils sont amenés à en rencontrer ou à en accueillir. »
Nous avons le plaisir aujourd’hui de vous annoncer la parution très prochaine de son second livre: 80 mots d’Afghanistan.
Présentation de « 80 mots d’Afghanistan »
« 80 mots, qui sont autant d’histoires qui racontent l’Afghanistan, pour la plupart en langue dari, le persan d’Afghanistan, mais avec de nombreuses références au pashto, la seconde langue officielle du pays. A travers ces mots – qu’Etienne Gille a choisis parce que ce sont ceux qui lui semblent couvrir le mieux toutes les réalités de la vie afghane, et qu’ils résonnent avec sa longue expérience de l’Afghanistan – sont abordés les liens familiaux, les relations sociales, la cuisine (avec tous les plats servis avec générosité à l’hôte que l’on veut honorer), les différents arts, les jeux, en somme tout ce qui fait l’originalité et le charme d’un pays. Les problèmes ne sont pas évacués : la pauvreté, la drogue, la condition des femmes, les luttes et rivalités entre clans ou ethnies. Chaque fois, le regard d’Etienne Gille est empreint de lucidité, mais aussi de compréhension et de tolérance. On a là un précieux vademecum pour mieux comprendre les Afghans. »
Extrait de la préface d’Atiq Rahimi
“ Méditant aujourd’hui, grâce à ce livre, sur chacun de ces mots, je me laisse emporter là où je vivais jadis avec eux, innocemment, sans savoir percer leur mystère, leurs secrets, leurs origines, tels que nous les lisons dans ce bel ouvrage.
Ces mots, ils n’étaient pas pour moi, comme pour tous les Afghans, des signes linguistiques à déchiffrer, à interpréter, à méditer, mais des repères dans nos praxis sociales. Nous vivions avec eux, comme nous vivions avec nos familles, avec l’air et les poussières du pays. Impossible de nous en détacher pour les gloser. Sens et mot faisaient un. Comme mot et chose. Nul besoin de les séparer. Ils nous orientaient, nous nourrissaient, nous condamnaient, nous libéraient… Ils étaient partout ; aussi bien dans nos esprits que sur nos langues, devant nos yeux, au bout de nos doigts… Le désastre de la guerre et le déchirement de l’exil les ont extirpés de nous. On nous a vidés de ces mots, de même qu’on a vidé ces mots de nos vies. Mais les voilà de nouveau à moi, ces mots perdus dans le labyrinthe du temps. À travers eux je retrouve mon pays d’origine qui tout au long de son histoire agitée a su absorber tant de langues et de civilisations. »
Extrait de la préface d’Atiq Rahimi
Extrait de l’Avant-propos d’Etienne Gille
« Au gré des pages, je vais ainsi de mot en mot, je butine, je fais mon miel, prenant plaisir à découvrir les racines, les parentés, les origines. Les mots que j’ai choisis sont divers et font partie de registres très différents, dans l’espoir de décrire ainsi un monde lui aussi très divers, riche et coloré. Jouer avec les mots n’est pas seulement un plaisir futile. Entrer dans l’épaisseur des mots, en connaître l’histoire, en déguster la chair, c’est aussi, c’est surtout entrer en connivence avec les gens. Peut-être entrer dans leur cœur. Essayer de sentir, de penser, de comprendre comme eux. Évidemment c’est impossible. Mais rien qu’essayer, cela fait du bien. Un bien immense. Un bien intense. Et partager ce plaisir relève du désir d’élargir les horizons et de renforcer les liens de fraternité universelle. »
Extrait de l’Avant-propos d’Etienne Gille
Extrait: mehmân, hôte
“ L’un des mots les plus sacrés du persan est le mot mehmân, d’origine indo-européenne comme son équivalent en pachto : melma. Le traduire par «invité» serait réducteur. Le mot « hôte » rend mieux tout le respect qui lui est dû. Quand il est reçu dans une maison, le mehmân a droit à tous les égards. Quelqu’un doit lui tenir en permanence compagnie pour qu’il ne s’ennuie pas. On lui apporte au plus vite du thé et des chirini en attendant le repas qui peut en revanche tarder car on s’affaire pour lui préparer les mets les plus savoureux. À table on lui présentera les meilleurs morceaux de viande et on le resservira abondamment si, ce qu’à Dieu ne plaise, son assiette en vient à se vider. Et, ah, j’oubliais, on le fera asseoir « en haut », à la place d’honneur. ”
Extrait de l’article
Pour en savoir plus:
Edition: L’Asiathèque
Collection : 80 mots du monde
Nombre de page : 191
Première publication : 31/03/2021
Prix conseillé: 14€50