Jean-Christophe Victor

Jean-Christophe Victor 2013Nous avons appris le décès de Jean-Christophe Victor, survenu soudainement à Montpellier le 28 décembre, au moment de boucler ce numéro (n°155 des Nouvelles d’Afghanistan). L’un des principaux fondateurs d’AFRANE, initiateur des actions d’AICF (devenue ensuite ACF) en faveur des réfugiés afghans, J. C. Victor est surtout connu pour l’émission qu’il a animée avec talent durant de nombreuses années sur ARTE : Le dessous des cartes. Sa disparition, à l’âge de 69 ans, plonge tous ses amis dans la tristesse. AFRANE et les Nouvelles d’Afghanistan présentent à son épouse, ses enfants et toute sa famille leurs plus sincères condoléances. Alain Thiollier, qui participa avec lui à la création d’AFRANE, relate ci-après quelques moments de l’amitié qui le liait, lui et son épouse, à Jean-Christophe.

Jean-Christophe Victor n’est plus. Combien l’Afghanistan lui était proche ! Et à tant de titres ! C’est avec l’Afghanistan que naquit une amitié qui nous aura liés près de cinq décennies.

J’ai été de ceux qu’il a interrogés quand il s’est agi pour lui de décider s’il devait ou non accepter la nomination qu’on lui proposait au poste d’attaché culturel à l’ambassade de France. On sait ce qu’il en fut. C’est ainsi qu’il en vint à s’installer dans la maison que nous avions habitée à Chahr-e Nao.

Comme il y vivait seul je lui ai demandé un jour s’il pouvait accueillir une partie de l’équipe de réalisation du film Rencontre avec des hommes remarquables, notamment Peter Brook, Jean-Claude Lubtchansky et Georges Wakhévitch. La maison fut un peu leur quartier général. Jean-Christophe pour autant ne m’en voulut pas trop. Le personnage de Gurdjieff n’était pas du genre à le passionner.

Lorsque, en janvier 1980, Christiane et moi nous fîmes paraître un billet dans Le Monde appelant à se rencontrer ceux qui voulaient réagir contre l’invasion soviétique de l’Afghanistan, Jean-Christophe fut parmi les premiers à y répondre, en même temps qu’Étienne Gille, Vincent Schneiter, Bernard Dupaigne, Pierre Gentelle, Alain Lucas et quelques autres. Ainsi participa-t-il activement à la création d’AFRANE. Je me souviens d’une réunion constitutive de l’association qui eut lieu dans son appartement de la rue Française au quartier des Halles, à l’ouverture de laquelle il proposa de la dénommer AFRAN, pour Amitié France-Afghanistan ou Aide des Français aux Afghans, avec un jeu de mots reposant sur la prononciation afghane de « Afghan ». Je suggérai d’ajouter E, pour l’euphonie.

L’expérience de ses années à l’ambassade de France et celle de ses voyages clandestins le conduisirent à publier en 1983 un livre, La Cité des murmures, qui fut très apprécié. Y perce déjà le géopoliticien qui va fidéliser pendant plus de vingt-cinq ans l’auditoire de l’émission d’Arte, Le Dessous des cartes.

Notre fils Stéphane lui était très proche. Il avait dix-huit ans quand Jean-Christophe, qui travaillait alors à la FNAC, lui fit obtenir de celle-ci une caméra pour lui permettre de rapporter des films du voyage qui allait le conduire au Pandjchir. C’est donc grâce à lui qu’il a pu faire une interview filmée de Massoud qui fut la première à être diffusée à la télévision, sur Antenne 2.

Malgré ses multiples occupations, Jean-Christophe continuait de nous manifester une amitié fidèle et nous venions de lui faire parvenir le livre d’Étienne Gille, Restez pour la nuit.

Toutes nos pensées vont à sa famille et à sa mère, Éliane Victor.

Alain Thiollier

 

Cet article est originellement paru dans le n° 155 des Nouvelles d’Afghanistan. Vous pouvez vous abonner ou commander un numéro en cliquant sur les liens ci-après.

S’abonner aux Nouvelles d’Afghanistan
Commander un numéro