Editorial du N°189

Réflexion sur un étrange rapport

Ce numéro des Nouvelles d’Afghanistan, au-delà de nos habituelles rubriques et de l’actualité que nous pouvons recueillir venant d’Afghanistan, consacre plusieurs pages à un rapport, paru en juin, dont l’auteur est Didier Leschi, direc­teur général de l’OFII (Office Français d’Immigration et d’Intégration). Titré L’im­migration afghane en France « un événement de grande ampleur » ce rapport a été largement commenté dans les médias (Europe I, le Figaro, Le Point, etc.).

Ce rapport que nous considérons comme partiel et partial fait l’objet d’une analyse et également de commentaires, recueillis en France, sur la commu­nauté afghane. Nous ne nions pas que l’installation et l’intégration à la fois de familles afghanes évacuées en 2021 mais aussi d’une immigration poussée par la guerre et la misère, puisse être difficile mais nous souhaitons aussi rappe­ler la réalité généralement très positive de la communauté afghane en France que nous fréquentons depuis bien des années et que nous nous employons à appuyer dans son désir d’intégration.

C’est la première fois qu’une telle diatribe est prononcée (appuyée par des médias assez peu bienveillants) contre une communauté dont les autorités considéraient depuis bien longtemps qu’elle était plutôt discrète et paisible. Il nous apparait donc légitime de l’évoquer dans nos pages et de contester les attendus de ce rapport.

Pour le reste, nous souhaitons faire partager à nos lecteurs, le travail re­marquable, accompli depuis deux ans, en Afghanistan, par notre cheffe de mis­sion et notre équipe de Kaboul. Cela justifie l’engagement de tous dans cette volonté de faire vivre, au plus proche du terrain, l’amitié franco-afghane.

Plus historique, l’histoire de ce lieu mythique qu’est la passe de Khyber nous rappellera à tous ce que fut cette « frontière » où les fringants régiments de l’armée des Indes et les farouches cavaliers pachtouns s’affrontèrent bien des fois.

Enfin, notre maintenant traditionnel thé vert sera paisiblement, comme il se doit, partagé avec une actrice importante du partage franco-afghan. Ira­nienne de naissance mais aussi française et surtout afghane de cœur, Guilda Chahverdi fut directrice de l’Institut Français d’Afghanistan mais elle est aussi actrice, metteuse en scène et commissaire d’exposition. Elle nous livre ce qu’est la réalité du monde artistique et culturel afghan, parfois lumineux, parfois dis­cret voire dissimulé, il continue à représenter, ici et là-bas, une culture qui ne veut pas disparaitre et nous donner un témoignage qui vient remettre en cause certains a priori bien peu objectifs.

Eric LAVERTU
Le 30 juin

 

Sommaire du N°189

Aide humanitaire

Deux ans en Afghanistan – juin 2023 à juin 2025
par Pauline LAPOINTE
Après deux ans de présence en Afghanistan en tant que cheffe de mission d’AFRANE, Pauline Lapointe tire un bilan nuancé de cette expérience « extraordinaire ». Si les Afghans qu’elle a rencontrés ont conservé toute cette « afghanité » qui a touché tant de Français depuis un siècle, et si les projets d’AFRANE qu’elle a conduits finissent après bien des efforts à se réaliser, l’avenir du pays reste sans beaucoup d’espoir aux yeux d’une bonne partie de la population.

Actualité

De l’immigration afghane en France
par Etienne GILLE et Eric LAVERTU
La Fondation Fondapol a publié récemment un rapport de Didier Leschi, directeur de l’OFII, Office français pour l’immigration et l’intégration, intitulé : « L’immigration afghane, un événement de grande ampleur ». Ce document présente la société afghane et l’immigration qui en est issue d’une manière qui semble extrêmement défavorable et injuste. Sans vouloir polémiquer sur les intentions de l’auteur, dont l’engagement humaniste est indubitable, nous examinons ici les éléments les plus hasardeux de ce rapport qui peut jeter le discrédit sur l’ensemble des réfugiés afghans.
Ce dossier est en ligne sur notre site.

Société

Echanger par le dessin
par Kate PELUSE
Dessiner aujourd’hui en Afghanistan, n’est-ce pas bien futile pour des jeunes filles, dans le contexte actuel ? Bien au contraire, c’est un puissant moyen d’éducation et de libération. Nous relatons ici une expérience très originale d’échange entre des jeunes Français et des jeunes Afghanes par dessins interposés, initiée par AFRANE. Inutile de connaître la langue de l’autre pour se parler et comprendre les rêves et les espoirs des uns et des autres.

Histoire

Fin de partie à la passe de Khyber
par David CHAFFETZ
Le texte qui suit est un extrait du dernier chapitre du livre Raiders, Rulers, and Traders, the Horse and the Rise of Empires. Ce livre souligne le rôle joué par le cheval, de par sa physiologie, sa psychologie et ses contraintes écologiques, dans la construction et le rayonnement des grands empires eurasiatiques des Perses, des Han, des Tang, des Mongols, des Moghols, jusqu’aux Russes et aux Britanniques en Inde. L’Afghanistan est évoqué á maintes reprises comme le pays de cavaliers par excellence. Ici l’auteur décrit la fin de cette histoire, pendant l’ultime guerre anglo-afghane, celle de 1919.

Un thé vert avec Guilda Chahverdi

Le masque et la plume du Simorgh
par Régis KOETSCHET

Afghans de France

Le destin fragmenté de Réza
L’une des deux voies principales pour les Afghans qui quittent leur pays est naturellement l’Iran. Beaucoup y demeurent, espérant retrouver un jour leur pays natal. Pour d’autres, c’est le début d’un chemin vers la Turquie et l’Europe. Réza Sahebdad, cinéaste, a raconté aux Nouvelles d’Afghanistan sa première vie dans un Iran peu hospitalier pour les Afghans,
puis son retour dans son pays avant un nouvel exil en France.

Dernières nouvelles

Chronologie (février – avril 2025)
Dernières publications
Notes de lecture
Drogues en Afghanistan : l’état actuel de la situation, par Capucine Roussel
Quelques points de repère sur l’économie afghane, par Abdul Rahman Fazli
Mémoire : Nazer Hossein Hassani

L’Afghanistan de Pauline

 

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