La rupture de l’exil
L’exil, la rupture : départ à contre-cœur de Nasrine Nabiyar
par Marie-Josèphe Gille
Une enfance heureuse dans un milieu éduqué et ouvert à Kaboul et à Estalef où la famille possède une propriété. Des études au lycée Malalaï, puis l’enseignement comme professeur dans le même établissement et ensuite comme enseignante au département de français de l’Université de Kaboul. La vie de Nasrine Nabiyâr aurait pu être un long fleuve tranquille. Mais survient en 1978 la « révolution ». Nasrine et son mari tiennent quelques années, mais les enfants ayant été traumatisés par la situation de violence et les chutes de roquettes, Nasrine part en Inde début 1989 avec seulement ses deux plus jeunes fils. La famille sera réunie une année plus tard en France où Nasrine avait fait plusieurs séjours d’étude. Une vie nouvelle commence à Rennes dans un quartier cosmopolite.
Nasrine Nabiyâr n’oublie pas son pays et dès 1998 crée l’association Malalaï pour venir en aide à des familles réfugiées et à des professeurs. Dès que la paix revient, elle se rend en Afghanistan. Voyant les besoins d’éducation à Estalef, elle conçoit le projet d’un collège pour filles. La première pierre est posée le 16 septembre 2002 pour ce collège appelé « Atéfa-e Chahid » en mémoire d’une fillette morte sous un bombardement soviétique. Nasrine fait preuve de beaucoup de ténacité en France pour trouver les financements et en Afghanistan pour obtenir les autorisations. Rapidement le collège voit le jour ; il sera agrandi par la suite.
Dans le livre qu’elle vient de publier, on suit pas à pas Nasrine de son enfance à aujourd’hui : elle se sent à l’aise dans les deux cultures, deux modes de vie. Elle a à cœur de venir en aide aux femmes afghanes. On lit avec beaucoup d’émotion les événements qu’elle raconte tant à Estalef qu’à Kaboul. Moments tragiques vécus par les habitants : bombardements soviétiques, disparitions, action des Tâlebân, exil des uns ou des autres à l’intérieur du pays ou ailleurs ; mais aussi joies : accueil chaleureux des personnes rencontrées, beauté des paysages, mode de vie afghan. L’auteure est très émue chaque fois qu’elle retourne au pays et nous fait partager ses peines et son bonheur. On ne peut qu’admirer sa détermination pour mener à bien ses projets éducatifs. Elle effectue aussi des missions d’enseignement du français à l’Université de Kaboul et accompagne le projet d’une clinique mobile initié par « Mères pour la paix ». Son livre est une leçon. Comment transformer la douleur de l’exil en dynamisme au service de son pays.
L’exil, la rupture : départ à contre-cœur, Nasrine Nabiyar, 226 p., 15 € plus 4,30 € de frais de port. Contacter nnabiyar@hotmail.fr.
Cet article est originellement paru dans le n° 157 des Nouvelles d’Afghanistan. Vous pouvez vous abonner ou commander un numéro en cliquant sur les liens ci-après.
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