Suspendue à un fil : la longue lutte pour les femmes afghanes de Massouda Jalal

par Jack Chaboud

Médecin psychiatre et pédiatre, Massouda Jalal a dû fuir son pays à la prise du pouvoir par les Tâlebân. Elle a depuis entrepris un combat pour les femmes afghanes au travers de sa « Fondation Jalal » et de ses prises de position politiques et féministes, qui l’ont conduite à se présenter à une élection présidentielle et à occuper une fonction ministérielle qui lui a permis de faire adopter un « Plan d’action nationale pour les femmes d’Afghanistan » et un décret sur « l’élimination de la violence contre les femmes afghanes ».

Suspendue-a-un-fil

Dans cet ouvrage, elle retrace un historique de la position des femmes de son pays, en rappelant les rares moments où elles purent sortir de leur véritable asservissement, et en annonçant l’épouvantable sort qui les attend si les Tâlebân, comme c’est à craindre, reviennent au pouvoir. Après avoir décrit la lutte inégale des puissants (clans, religieux conservateurs…) contre les tentatives de réformateurs et de la communauté internationale, pour aider les Afghanes à échapper aux traditions machistes qui les ramènent parfois à la position de bêtes, quand ce n’est pas à celle d’objets inanimés.

Et pourtant, souvent au péril de leurs vies, des femmes afghanes réussissent malgré tout à franchir les obstacles avec un grand courage, à fréquenter les écoles, occuper des métiers aussi nouveaux pour elles que l’armée ou la police. Face à ces succès, l’ouvrage de Massouda Jalal comprend de nombreuses notes relatant les abominables circonstances de viols et meurtres de femmes afghanes.

Il permet enfin au lecteur de saisir l’étendue de la misère des ces femmes battues, violées, tuées, au nom de traditions archaïques et barbares, dans leurs propres familles comme dans la société, on songe au Syngué sabour d’Atiq Rahimi ou au Mille soleils splendides de Khaled Hosseini. Elle dénonce les arguments mensongers ou fanatiques qui justifient le martyr des femmes afghanes, elle en appelle à la communauté internationale et aux progressistes de son pays pour mettre fin à la corruption, pour protéger les femmes devant un retour des Tâlebân, pour tenter d’instaurer une paix durable dans son pays. Que l’avenir puisse lui donner raison.

Suspendue à un fil : la longue lutte pour les femmes afghanes, Massouda Jalal, 260 p., éditions Balland, 18 €

Cet article est originellement paru dans le n° 157 des Nouvelles d’Afghanistan. Vous pouvez vous abonner ou commander un numéro en cliquant sur les liens ci-après.
S’abonner aux Nouvelles d’Afghanistan
Commander un numéro