Naw Rouz, « jour nouveau », est une empreinte laissée par l’empire perse dans plusieurs pays.
Le 21 mars, ce sont environ 300 millions de personnes qui célèbrent la nouvelle année du calendrier perse et l’arrivée du printemps. Depuis 2010, la journée internationale de Naw Rouz fait partie du patrimoine mondial immatériel de l’UNESCO. Cette fête, née il y a plus de 3000 ans, est marquée par des traditions qui évoluent et diffèrent d’un pays à l’autre, d’une région à l’autre et même d’une famille à l’autre.
Naw Rouz est un évènement majeur au cours duquel l’Afghanistan entre en ébullition durant une quinzaine de jours à la fin mars. C’est l’occasion pour la population de se retrouver autour de diverses traditions.
Mazar-e Charif, épicentre de Naw Rouz
Mazar-e Charif est une ville du Nord de l’Afghanistan qui accueille le plus grand festival de Naw Rouz, la fête de Gol-e Sorkh (fête de la fleur rouge).
La célèbre mosquée à carreaux bleus de la ville serait construite à l’emplacement du tombeau du quatrième calife de l’islam, Ali Ibn Abi Talib. Le premier jour de la fête, les voyageurs venus de tout l’Afghanistan assistent à une cérémonie déterminante pour la nouvelle année, Djahenda Bâlâ. Un drapeau est hissé à l’emplacement même du tombeau ; et il est dit que s’il s’élève facilement, l’année sera heureuse. Ce lieu fait l’objet de croyances comparables à la ville de Lourdes en France, puisque les pèlerins se rendent au pied du drapeau dans l’espoir du bonheur ou d’un miracle.
Quinze jours d’évènements
A travers le pays, les activités se multiplient pour célébrer la nouvelle année. A cette occasion, les enfants sont habillés de vêtements neufs et les garçons ont souvent le crâne rasé.
Plusieurs festivals, comme le festival des fermiers, sont organisés dans les différentes villes. La population en profite pour se promener dans les marchés, se rendre dans des foires. Les familles se retrouvent dans des espaces verts autour d’un pique-nique pour profiter des fleurs nouvellement écloses et prendre part aux traditionnels combats de cerfs-volants.
A Kaboul, une fête religieuse et populaire avec des manèges est organisée à Kote Sakhi, près d’un mausolée dédié à Ali.
Il est possible de participer à des tournois de buzkachi. Sans véritable restriction de temps, ils peuvent se poursuivre plusieurs jours même s’il est désormais d’usage que le temps soit limité.
Haft Sin (sept S)
Cette tradition est la plus connue et la plus suivie dans l’ensemble des pays célébrant Naw Rouz. Il s’agit de la mise en place de sept objets dont le nom commence par « S » sur une table. Chaque famille s’applique à rendre cette table la plus jolie possible. Les objets peuvent varier et recouvrent chacun un symbole.
Les plus courants sont : sabzah (germe de blé orge ou lentille), samanu (pâte sucrée de germe de blé), sendjed (fruit séché du jujubier) sîr (ail), sîb (pommes), somaq (baies de sumac), serkah (vinaigre), sonbol (jacinthe), sekkah (pièces)
Traditions culinaires
La veille de Naw Rouz, les femmes se réunissent pour une fête particulière, la nuit. Elles préparent ensemble samanak, un plat sucré à base de germes de blé, en chantant.
Les sunnites servent sabzi tchalao, un plat à base de riz et d’épinards séparés, avec de la viande, pour accueillir le printemps, tandis que les chiites s’attachent à cuisiner un coq blanc.
Les Afghans préparent un dessert dérivé de haft sin, appelé haft mewa qui signifie « sept fruits ». Il s’agit d’un mélange de sept fruits secs servis dans leur jus. Le plus souvent il est composé de raisins, sendjed, pistaches, noisettes, pruneaux, noix et amandes. Il est dit que si haft mewa est bon, alors la famille aura de la chance cette année.
Au cours des fameux pique-niques, il est traditionnel de se restaurer avec du poisson frit, mahi et un dessert sucré frit, djelabi. Les boulangeries quant à elles, préparent kulcha-e nowrozï, un biscuit de farine de blé.