Par Phillipe Bertonèche

La situation en Afghanistan est caractérisée par une prise rapide par les tâlebân de districts ruraux entourant les grandes villes, aussi bien dans le Sud que dans le Nord du pays. Les tâlebân auraient pris le contrôle de la moitié des districts et contrôleraient certains postes frontières avec l’Iran, le Turkmenistan et le Tadjikistan. L’armée régulière opposerait une résistance peu efficace contre l’avancée des insurgés. Le gouvernement afghan armerait des milices. Le retrait des troupes étrangères, américaines et de l’OTAN, serait quasiment terminé. Que vont faire les tâlebân ? Envahir les capitales régionales et faire un blocus de Kaboul ? Ou imposer un retour aux négociations et user de leur rapport de force actuel pour obtenir le régime qu’ils souhaitent ? Et que veut le Pakistan ? Des négociations semblent sur le point de reprendre à Doha, que peut-on en attendre ?

Chez AFRANE, le départ de Kaboul de 19 membres du personnel avec leurs familles a finalement eu lieu le 12 juillet après de nombreuses péripéties. Ces 19 familles sont réparties dans 7 départements (Cantal, Charente, Cher, Hautes Pyrénées, Manche, Sarthe, Var) et prises en charge par des associations (France Terre d’Asile, ADOMA et Viltaïs) qui vont les accompagner dans leurs démarches pour obtenir l’asile en France.

A Kaboul, comme dans le reste du pays, l’épidémie de COVID est toujours très active. Les écoles sont fermées depuis le 30 mai, et probablement jusqu’après la fin de la fête de l’Eïd, le 23 juillet. Cela a considérablement ralenti l’activité d’AFRANE ces dernières semaines et continuera à la ralentir jusqu’à la pleine réouverture des écoles.

Pour poursuivre nos activités en Afghanistan, nous avons dû procéder au remplacement des personnels de support : gardes pour la maison et les bureaux de Kaboul, chauffeur pour Kaboul, gestionnaire comptable et des ressources humaines, logisticien et coordinateur pédagogique (ces deux derniers postes ont été pourvus par l’évolution de postes de salariés à mi-temps embauchés depuis peu chez AFRANE). A Kaboul, Simon le chef de mission, et Farnaz la coordinatrice de projets, sont toujours présents.

L’étape suivante, qui est déjà entamée en termes d’appel à candidatures, consiste à procéder aux recrutements de formateurs ou formatrices en Mathématiques, Sciences et informatique, Dari et Pachto ainsi qu’une personne chargée du programme d’éducation à la Citoyenneté et à la Paix.

La poursuite du programme va bien évidemment dépendre des conditions de sécurité qui régneront dans le pays. Nous estimons actuellement que nous pouvons terminer la première tranche du projet financé par l’AFD vers mars ou avril 2022 au lieu de fin janvier 2022. Des points d’avancée du projet seront faits régulièrement avec l’AFD. Nous continuons à rechercher des cofinancements pour notre projet, même si la situation générale en Afghanistan n’encourage pas les fondations ou les donateurs à nous apporter des subventions.

Afin de nous assurer de l’adaptation de nos moyens opérationnels au contexte actuel de l’Afghanistan, nous avons, avec l’appui de l’AFD, lancé un audit de nos procédures et de nos installations en termes de sécurité auprès d’une société spécialisée.

Voici le point de la situation que je peux vous faire à ce jour. Notre objectif est de continuer à apporter notre soutien à l’éducation dans les districts où nous sommes actifs, tout en respectant les conditions de sécurité pour l’ensemble des personnels et bien évidemment dans le respect des valeurs de notre association.

Je vous invite à prendre connaissance de la tribune publiée par le Monde en ligne à la date du 10 juillet.

Philippe Bertonèche, Président d’AFRANE
13 juillet 2021.